Les programmes volontaires n’incitent pas suffisamment les services publics à réduire leurs émissions

Traduit de l’anglais par Melanie Beauchesne

Aux États-Unis, on dit souvent que les États sont les laboratoires de la démocratie, testant la faisabilité et l’efficacité des politiques qui, si elles réussissent, pourraient être adoptées ultérieurement à l’échelle nationale. Ils sont également des laboratoires d’action sur les changements climatiques, ont rapporté des chercheurs de l’Université Emory dans Nature Climate Change le 6 novembre dernier.

Leur analyse montre que des objectifs et des sanctions juridiquement contraignants peuvent aider les États des États-Unis à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre provenant de la production d’électricité. Mais les politiques volontaires sans processus d’application n’entraînent pas de réduction des émissions.

Les chercheurs ont évalué 17 politiques climatiques différentes et leurs effets sur les émissions de carbone entre 1990 et 2014. Ils ont utilisé les données de l’Environmental Protection Agency des États-Unis et de l’Energy Information Administration pour comparer les émissions du secteur énergétique d’un État avant et après l’adoption de chaque politique.

En utilisant un modèle mathématique, les chercheurs ont contrôlé la croissance de la population, les changements technologiques et d’autres facteurs pouvant également affecter les niveaux d’émission. Cela leur a permis d’isoler les effets des politiques elles-mêmes.

Lorsqu’il s’agit de réduire les émissions, le secteur de l’énergie électrique est une cible importante, car il est responsable de la plus grande part des émissions à l’échelle nationale – soit 29% de toutes les émissions étasuniennes en 2015.

Les chercheurs ont évalué 11 politiques obligatoires et 6 politiques volontaires. Toutes sauf une des politiques obligatoires sont associées à la réduction des émissions, mais aucun des programmes volontaires ne l’est.

« Nos résultats indiquent que les programmes volontaires n’incitent pas suffisamment les services publics ou les fournisseurs d’énergie à réduire leurs émissions », écrivent les chercheurs.

Les politiques obligatoires réduisent les émissions du secteur de l’électricité de 1,12 à 10,3 millions de tonnes de dioxyde de carbone par an, soit de 2,7 à 25% des émissions moyennes résultant de la production d’électricité au niveau des États.

Les chercheurs ont évalué 8 politiques climatiques, qui visent spécifiquement à contrôler les émissions de gaz à effet de serre, et 9 politiques énergétiques favorisant l’efficacité énergétique et augmentant la production d’électricité à partir de sources autres que les combustibles fossiles.

Les politiques énergétiques peuvent être plus faciles à adopter parce qu’elles ne concernent pas explicitement la question politique brûlante des changements climatiques – mais elles ne réduiraient pas nécessairement les émissions. (Théoriquement, un État pourrait augmenter sa production d’électricité renouvelable sans réduire celle produite par combustibles fossiles.)

L’étude est rassurante sur ce point. Elle suggère que les politiques énergétiques et les politiques climatiques peuvent toutes deux fonctionner, à condition qu’elles incluent des objectifs exécutoires.

Mais ce n’est pas parce qu’une politique est populaire qu’elle réduit efficacement les émissions. Trente-quatre États ont adopté un plan d’action pour le climat, la politique la plus fréquente évaluée dans l’étude. Selon les chercheurs, les plans d’action pour le climat ne sont pas associés à la réduction des émissions du secteur de l’énergie. Cependant, ils notent que ces plans, qui peuvent contenir à la fois des composantes volontaires et obligatoires, se concentrent souvent sur l’adaptation aux changements climatiques – la réduction des émissions n’est donc peut-être pas leur objectif principal.

Le système de plafonnement et d’échange de la Californie, adopté en 2006, est la politique ayant le plus grand impact sur les émissions des systèmes électriques. Cependant, il est difficile à évaluer, car aucun autre État ne possède un tel programme, et la Californie l’a mis en œuvre dans le cadre d’une série de six politiques climatiques et énergétiques autour de l’année 2006.

Les chercheurs ont également analysé diverses combinaisons de politiques, puisque de nombreux États ont adopté plusieurs stratégies pour réduire les émissions de carbone.

Dans l’ensemble, les politiques les plus efficaces pour réduire les émissions de carbone provenant de la production d’électricité sont les paiements aux fournisseurs qui leur procurent une compensation pour la réduction de vente d’électricité ; exiger que les centrales divulguer leurs émissions ; et fournir un soutien financier à la recherche et au développement en matière d’énergie renouvelable et d’efficacité énergétique.

Les deux dernières stratégies réduisent non seulement les émissions globales de carbone, mais aussi l’intensité de carbone, ce qui signifie les émissions par mégawattheure d’énergie produite.

Pour les États qui ont mis en œuvre de telles politiques, les résultats indiquent qu’ils sont sur la bonne voie, disent les chercheurs. Et pour ceux qui ne l’ont pas fait, l’étude suggère quelles stratégies de réduction des émissions ces États devraient viser à implémenter. « Enfin, si et quand le gouvernement fédéral fera preuve de leadership en matière d’atténuation des changements climatiques, il pourra apprendre des succès des actions entreprises par ses États, analysées dans cette étude », écrivent-ils.

Source: Martin G. and E. Saikawa “Effectiveness of state climate and energy policies in reducing power-sector CO2 emissions.” Nature Climate Change2017.
Image: Mike Fleming via Flickr
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